Unité nationale en Afrique et langues africaines

Tous les articles

Unité nationale en Afrique et langues africaines

Fb img 1478385091780

Comment renforcer l'unité nationale tout en enseignant dans les langues africaines?

Les élèves apprennent mieux dans la langue qu'ils utilisent dans leur vie quotidienne. C'est pourquoi j'affirme que, pour les pays africains, c'est mieux d'enseigner dans les langues africaines.

Mes contradicteurs soulèvent souvent une inquiétude: l'unité nationale ne sera-t-elle pas menacée ? En clair, ils disent ceci : le fait que chacun va étudier dans sa langue, cela ne va-t-il pas briser l'unité nationale et réaliser la balkanisation du pays ?

Pour répondre à cette inquiétude, je renverse la manière de poser la question : comment pouvons-nous renforcer l'unité nationale en enseignant dans les langues africaines?

Nous allons renforcer l'unité nationale en modifiant le contenu des cours d'histoire, de géographie et des langues.

Pour le cours d'histoire, nous devrons nous concentrer aux sociétés africaines depuis des temps au-delà de l'émergence du Kemet (de l'Égypte pharaonique), en passant par les différentes sociétés de deux derniers millénaires et aussi le combat victorieux des pères et mères de l'independance. L'enseignement de l'histoire devra mettre en exergue les relations commerciales, matrimoniales, harmonieuses et conflictuelles entre les différentes populations d'Afrique. Une attention particulière sera donnée à l'histoire du pays, tout en minimisant la place consacrée à l'occupation européenne et en augmentant l'enseignement des cultures des communautés linguistiques composant le pays.

Le cours de géographie devra se concentrer sur la description des reliefs, climats, sols, sous-sols, hydrographie et économie de la municipalité (territoire ou commune), de la ville, de la province, du pays et de l'Afrique. Cette description devra s'accompagner de l'analyse des atouts et des enjeux.

En ce qui concerne les langues, c'est mieux d'enseigner dans la langue du milieu et enseigner, comme disciplines, deux ou trois autres langues du pays.

Prenons le cas de la RD Congo, on peut adopter l'enseignement des quatre langues nationales sur toute l'étendue du territoire nationale.

Par exemple, les élèves de Kinshasa vont apprendre en lingala. Ils auront aussi les cours de kikongo, tshiluba et kiswahili. Les élèves de Mbuji-Mayi apprendront en tshiluba mais ils auront des cours de lingala, kiswahili et kikongo, etc. Quant aux provinces où la langue de communication intercommunautaire n'est pas une de ces quatre langues, prenons le cas de Sankuru où c'est la langue otetela qui remplit cette fonction, les élèves apprendront en otetela et ils auront les quatre langues nationales comme matières. À la fin de l'école secondaire, les élèves seront compétents dans les quatre langues et pourront communiquer au niveau national.

La connaissance des langues nationales permet aussi aux élèves de se rendre compte que ces langues sont proches qu'on ne le pense et ainsi prendre conscience qu'il s'agit des sociétés proches avec une origine antique ou récente commune.

Il est clair que le volume horaire que prend l'enseignement des disciplines (mathématique, physique, économie,...) et celui des quatre langues nationales ne laisse pas de temps dans l'apprentissage des langues européennes.

Ces langues seront enseignées comme langues étrangères dans une filière spécifique pour former des traducteurs. Ainsi, ceux qui vont suivre en option les langues étrangères pourront choisir d'étudier une langue asiatique, européenne ou une autre langue africaine.

Beaucoup me contredisent en ces termes : l'Afrique pourra-t-ell survivre et être compétitive dans la mondialisation juste avec ses langues et sans les langues occidentales? Je dis: oui. Il suffit de renforcer nos langues, bien former nos cadres et ouvriers, produire, innover et avoir une armée forte.

Dans les cas comme celui du Gabon, du Cameroun ou de la Côte d'Ivoire, certains prétendent que cela n'est pas possible à cause de l'absence des langues dominantes. Nous n'avons pas besoin d'une seule langue. Par exemple, les élèves du pays bamileke apprendront en bamileke. Ils auront aussi les cours de douala, de saa ou d'une autre langue du Cameroun. L'unité nationale en sortira renforcée.


Commentaires