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L'Interview de Suzanne Fisch en 2004 quand elle fut encore parmi nous

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Madame Suzanne Fisch a déjà rejoint la cohorte des ancêtres. Aujourd'hui nos pensées vont à elle et nous vous remettons en ligne son interview de 2004 dans Bamama ya Congo na Belgique.

Suzanne Fisch « Ma vie est un long parcours : mannequin, hôtesse, restauratrice, aujourd’hui femme politique »

Suzanne Fisch a reçu Marie-Henriette Luvengika dans son lieu de travail.

MHL- Merci de m’accueillir dans vos bureaux. Vous travaillez dans le cabinet du ministre Pascal Smet ?

SF- Oui, il est ministre de la mobilité et des travaux publics dans la Région de Bruxelles Capitale

MHL- Je suis ici pour parler avec vous de votre parcours de vie et de votre parcours professionnel.

SF- Un très long parcours. J’ai 55 ans. Je suis née au Congo-Kinshasa dans le Bandundu. J’ai deux jumeaux qui ont 36 ans et je suis grand-mère. Mon père est Belge et ma mère congolaise. J’ai grandi au Congo jusqu’aux événements de l’indépendance du Congo. J’avais 9 ans lorsque nous sommes venus en Belgique.

MHL- Donc vous avez fait la plupart de vos études en Belgique ?

SF- J’ai poursuivi normalement mes études jusqu’à l’âge de 17 ans. Après, j’ai eu mes enfants. Je n’ai pas pu faire d’études supérieures ou universitaires. J’ai été tout de suite dans le bain. Je me suis faite toute seule.

MHL- Vous êtes passée par divers métiers dont le métier de mannequin.

SF- Oui. J'ai commencé comme hôtesse. Ensuite, j’ai eu ma propre agence. Puis j’ai travaillé pour Marlboro au tour de France. J'ai travaillé 8 ans chez ECC à Anvers et aussi comme mannequin dans de nombreuses maisons de couture de vêtements de fourrures, en Belgique, en Allemagne et en Italie.

MHL- Cela a dû sûrement enrichir vos connaissances en langue étrangère ?

SF- Le français est ma langue maternelle et du fait que je suis dans un cabinet néerlandophone, je me suis mise sérieusement pour devenir parfaite bilingue. Je me débrouille dans le lingala et le kikongo. Je parle couramment l’italien, je me débrouille bien en russe.

MHL- Etes-vous instinctive ou avant de foncer vous devez bien réfléchir plusieurs fois pour foncer ?

SF- Je dirais que ça dépend pourquoi. Mais je regarde plutôt en arrière, j’observe et après je fais mes commentaires ou j’agis.

MHL- Quel est le métier qui vous a le plus épanoui ?

SF- A part le métier de mannequin, j’ai eu un restaurant pendant 10 ans et dans la restauration, j’ai énormément rencontré de monde.

MHL- Il y a 3 ans vous m'avez parlé de votre rencontre avec le célèbre boxeur Mohamed Ali. Comment l’aviez vous rencontré ?

SF- En 1971, j’étais partie au Congo, à la recherche de ma mère sans succès. Puis en 1974, on m’annonçait qu’on l’a retrouvée. Je suis vite partie mais malheureusement pour moi, ce n’était pas elle mais sa sœur.

Je n’ai pas supporté la déception. Je ne voulais plus vivre. Je suis restée à l’hôtel sans manger ni boire. Quand Ali a entendu mon histoire par le directeur de l’hôtel, il m’a invitée à sa table et 2 jours après, je suis descendue. Voilà comment j’ai surmonté cette épreuve grâce à son aide.

J’ai travaillé pour lui en 1979 lors de sa tournée en Belgique. C’est un monsieur extraordinaire. C’est un des plus grands personnages que j’ai rencontré dans ma vie. Il a un très grand charisme.

MH- Parlons de votre parcours politique. Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans la politique ?

SF- C’est un peu le fruit du hasard. J'avais vendu mon restaurant. Je suis restée sans travail pendant 2 ans. Par une connaissance, je suis rentrée au cabinet.

On m'a demandé de m’occuper de certains dossiers sur la prévention de vandalisme dans le transport en commun. Après il y a eu un changement au ministère. Monsieur Pascal Smet m'a demandé de me mettre sur la liste électorale. C’est à quoi je ne m’attendais pas du tout. Mais c’est une expérience qui en valait la peine.

MH- Combien de voix aviez-vous obtenu ?

SF- 270 voix et 270 personnes qui croient en vous, ça m’a donné du courage.

MHL- Par rapport à la Belgique, quels changements novateurs voyez-vous au niveau politique ?

SF- Je ne dirais pas qu’il faut un changement novateur. Je pense plutôt que les gens qui sont ici doivent faire partie de la Belgique. Il est grand temps de défaire nos valises mises sous des lits. Il y en a qui ont fait 30 ans et qui ont toujours dans la tête de rentrer. Ils ont des enfants et des petits enfants. La Belgique est un pays bilingue. Il faut que nous fassions l’effort d’apprendre les deux langues d’ici : le français et le néerlandais. Nous devons aussi accéder à la culture qui s’offre ici. Visiter des musées par exemple, aller aux concerts d’autres communautés, goûter à la cuisine d’ailleurs, etc.

MHL- Quel message pouvez-vous donner aux jeunes ?

SF- Les jeunes qui sont ici ont la chance d’aller à l’école. Ils doivent faire de gros efforts dans les études et dans les diverses formations. C’est pendant les études que l’on peut établir des bonnes relations qui pourront vous être utile dans la vie active. Pour ma part d’éducation en tant que mère, mes enfants travaillent. J’en suis fière.

Tanga na Lingala


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