Boubacar Boris Diop nous raconte Cheik Anta Diop

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Boubacar Boris Diop nous raconte Cheik Anta Diop

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Je me suis dit, pour rien au monde je vais rater cette occasion de rencontrer ce digne intellectuel Africain, Boubacar Boris Diop, surtout qu'il va nous raconter Cheik Anta Diop.

C'est un cadeau de nos mamans de l'ASBL Lingeer Yi. Le titre accrocheur était : DIOP RACONTE DIOP. Le 24 janvier 2020, chez le Mag Ken Ndiaye, à l'Horloge du Sud à la rue du Trône 141, 1050 Ixelles.

C'est vers 19h20 que Boubacar commencé son adresse ayant pour titre : Langue et littérature chez Cheikh Anta Diop.

La salle était pleine à craquer. J'ai dû partager la chaise avec ma fille, Selina. cette rencontre était très instructive pour moi. Je n'ai pas regretté d'y avoir été même si je devais prendre l'avion le lendemain. Je vous relate ici quelques points qui ont retenu mon attention.

Boris Boubacar Diop se réclame être le disciple de Cheik Anta Diop. Il le côtoyait. Il raconte qu'il était avec Cheik Anta Diop le jeudi 06 février 1986 avec promesse de se revoir le mardi. Le vendredi 7 février 1986, Cheik a rejoint le rang des ancêtres.

J'ai aussi appris que le laboratoire de carbone 14 qui a permis à Cheik Anta de démontrer que les Egyptiens bâtisseurs de Pyramides étaient des Noirs, ce laboratoire a été vandalisé quelque temps après la mort du savant. Il a fallu des années avant que l'on songe à le retaper.

Mais, quoi qu'il en soit, la vérité historique, Cheik l'a démontrée puis l'a validé lors du colloque du Caire en 10974.

Boris Boubacar Diop m'a appris aussi que Cheik Anta Diop ne poursuivait pas la richesse matérielle mais l'idéale de la renaissance africaine. Cheik n'était pas riche et il est mort dans la simplicité.

L'on a souvent tendance à limiter le travail de Cheik Anta Diop à l'Egypte pharaonique qui était Noir. Cheik est allé au-delà de ce rétablissement de la conscience historique.

Démontrer la parenté des langues africaines, y compris l'égyptien ancien est une interpellation que Cheik Anta fait aux intellectuels africains de reprendre l'initiative de la renaissance africaine. Pour cela, il faut accéder à la science directement par nous-mêmes. D'où la nécessité des productions littéraires et scientifiques dans les langues africaines.

Boubacar a rappellé que malgré l'élégance de son propos, Cheik Anta Diop disait qu'on ne peut pas parler des littératures africaines de langues européennes. Pour Boris, je suis d'accord avec les deux Diop, il s'agit tout simplement de littérature de sa langue. une littérature écrite en français fait partie de la littérature française. Boris assène qu'on voit que lentement mais sûrement, cette littérature, et d'ailleurs c'est le souhait de leurs auteurs, s'installe comme littérature, non plus négro-africaine, mais négro-parisienne.

Boris Diop a dit aussi quelque chose qui m'a interpellé : Cheik Anta Diop était politicien. Même s'il a été combattu fortement par Senghor, Cheik est parmi des politiciens africains qui ont développé une pensée politique dans le paradigme africain. L'Etat fédéral africain est un moyen de mettre fin à cette domination dans laquelle nous sommes plongés.

J'apprécie particulièrement le travail de Boris Boubacar Diop dans la mesure où, j'ai la même démarche éditoriale que Boris Diop celle de promouvoir la littérature en langues africaines. J'ai appris beaucoup d'initiatives qui sont menées au Sénégal dans ce domaine.

Je suis d'accord avec Boris Diop que le chemin est encore long. Cheik Anta Diop avait résumé les questions que les étudiants de Niamey lui posaient en ces termes : Quand est-ce que vous serez reconnu par l'Occident. La question est pas d'être reconnu par qui que ce soit. La question est de bâtir la renaissance africaine par nous-mêmes.

Boris Boubacar Diop nous apprend enfin que quand Diop est rentré au Sénégal en 1960, après sa thèse de doctorat à la Sorbonne , les aînés de son village qui l'accueillent, lui demandent : à présent que tu as été à l'école de Blancs, tu y as appris des choses, Dis-nous ce que nous devons faire. Cheik leur a dit : Il faut planter des arbres. Les aînés étaient déçus et pourtant, cela va de l'avenir de l'Afrique et du monde.

J'ai compris cette réponse de Cheik Anta en ces termes : Planter des arbres est important sur le plan environnemental et agricole mais aussi sur le plan comportemental. Cela permet d'avoir une vision à long terme. On ne plante pas un manguier puisqu'on a envie de manger une mangue. On plante un manguier pour que ses enfants et ses petits-enfants puissent, dans 5 ou 10 ans, manger des mangues. ils continueront à manger les fruits de cet arbre bien longtemps après la mort du planteur.

A la fin de la rencontre, j'ai profité pour me faire dédicacer en wolof le livre de Boris Boubacar rédigé en wolof. Il s'agit de Doomi Golo publié aux éditions EJO. Je ne parle pas le wolof mais j'ai chez moi un dictionnaire francais-wolof. j'ai aussi des livres en wolof...on ne sait jamais.

À côté ou devant un illustre homme, il y a toujours une femme, nous dit les Mamans Lingeer Yi. Boris Boubacar Diop était accompagnée de sa femme Ndèye Codou Fall qui est aussi responsable des Éditions Ejo qui publie des oeuvres en wolof et dans d'autres langues du Sénégal.


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