Il y a deux semaines, il y a eu des élections régionales en France et le parti d'extrême-droite Le Front National
est sorti devant la gauche et la droite dite démocratique. Il a fallu attendre le deuxième tour, quand le FN s'est retrouvé en face d'une des deux (soit le parti socialiste (la gauche) ou le parti républicain (la droite)) pour voir les ambitions du FN s'estomper. Il est clair que n'eut été le mode scrutin français, le FN qui aurait pris la tête de la moitié des régions de France.
Ce n'est pas un vote de contestation, les électeurs français ont voté le Front National puisqu'ils pensent que les étrangers sont trop nombreux en France, que les emplois français sont pris par les étrangers, les terroristes sont des immigrés ou mieux les immigrés sont des terroristes, l'insécurité est liée aux immigrés, les partis du gouvernement (PS et les Républicains) sont incapables de protéger leurs emplois.
Pourquoi le FN s'installe comme un grand parti en France ? Il a surfé sur les attentes de la population, il est resté fidèle à ses principes pendant que la gauche et la droite classique ont oublié que la survie de la démocratie consiste à renforcer le pouvoir du peuple en essayant de répondre à ses attentes.
Sarkozy et ses pairs pour des manœuvres électoralistes ont un moment tenu le discours du Front national. Une fois arrivée au pouvoir, mis à part les grands discours, rien non plus n'a été fait et les électeurs de droite n'avaient rien compris en quoi Sarkozy était un dur. Il a repris les thèses de Jean-Marie Le Pen dans le discours, dans le fait, il est allé bombarder la Lybie, assassiner Kaddhafi et n'a pas voulu soutenir les résistants syriens qui voulaient combattre Bachar. Et comme conséquence, les côtes libyennes sont devenues l'entre des passeurs qui à coup de milliers d'euros font passer les immigrés (du moins ceux qui y survivent à la traversée). Il n'y a pas eu autant d'immigrés Europe suite à l'action de Sarkozy. Pendant ce temps le peuple de la gauche française pensait que Sarkozy menait la politique de l'extrême droite et les électeurs de l'extrême-droite se disaient que Sarkozy était dans la cour de recréation. Ils ont juré qu'il ne les aura plus.
Les électeurs de la gauche ne retrouvent plus grand-chose de la gauche en regardant François Hollande et Manuel Valls diriger la France. Les électeurs de droite, non plus ne voient pas en quoi les deux compères sont à droite. Ils ne sont même pas au centre comme le disait Mobutu à l'époque où il voulait conduire son Zaïre dans les non-alignés.
Parole, parole, parole, bla bla bla!
Comme disait Lomami Tchibamba, un des pères de la littérature congolaise, en général, les gens n'aiment pas les étrangers. Rien à voir avec le boulot, la culture, les odeurs,... On n'aime pas les étrangers, ils viennent d'ailleurs, ils gênent, ils sont différents, on ne sait pas ce qu'ils veulent. S'ils sont pauvres, on s'énerve qu'on soit obligé de dépenser les sous pour eux. S'ils sont riches, on s'énerve qu'ils soient riches alors que nous on n'a pas ces moyens... même si ce sont des moyens qu'ils ont ramené de chez eux.
Alors quand un politicien s'attaque aux étrangers, tu te rends compte que tu avais raison. Tu le pensais tout bas et maintenant tu peux le dire tout haut : rentrez chez vous
. Qui ? Qui est étranger ? C'est là le piège.
La notion d'«étranger» correspond à que c'est ce qu'on appelle en mathématique une fonction continue. Étant en Belgique, le français est moins étranger que l'italien qui l'est moins que le marocain qui l'est moins que subsaharien. Le wallon est un étranger pour un flamand. Pour l'Anversois, le Liégeois est plus étranger que le Gantois alors que pour le Liégeois, le Brugeois est plus étranger qu'un Namurois. J'ai déjà vu des Namurois qui évitent d'aller à Charleroi.
La notion d'«étranger» est une question de distance et de ressemblance de peau.
En Belgique, c'est clair que les Noirs sont des étrangers, n'importe la carte d'identité qu'il a dans son portefeuille. Les Marocains sont aussi des étrangers mais un peu moins, les Italiens un peu moins, le français encore moins.
Ceux qui ont fait les mathématiques comprendront que nous sommes dans ce qu'on appelle les fonctionnelles différentielles et on obtient la fonction primitive en intégrant la fonction dérivée. Intégrer c'est donc faire une grande sommation de petites quantités infiniment petites. L'intégration c'est donc l'affaire de tous. Mais il faut que les dirigeants ne prennent pas de prétextes pour justifier la crise. Si on délocalise les emplois en Europe pour les implanter là où les droits de travailleurs sont bafoués, il ne faut pas venir dire que les étrangers viennent prendre l'emploi. Puisqu'il y a autant d'Européens en dehors de l'Europe qu'il y a des étrangers en Europe. Moins x plus x c'est nul. Encore une affaire de math. Il y a des Français qui vivent à l'extérieur de la France depuis des siècles qu'ils ont même oublié qu'ils venaient de France.
Si quelqu'un est xénophobe, il trouvera toujours un étranger à ne pas aimer. On ne change pas un xénophobe. Même si on vire tous les Noirs, les Arabes, les Indiens et les chinois de l'Europe, Marine Le Pen accusera la Russie, l'Allemagne, l'Angleterre, le Strasbourg, les Juifs ... et même les Français qui habitent de l'autre côté de la Rue à Calais, qu'ils soient ou non descendants de «de Médicis» et d'ailleurs, dira-t-elle, le père de Catherine venait de l'Italie.
Les dirigeants politiques démocrates et responsables devront se réveiller et ne pas considérer la domination de la finance sur l'économie réelle comme une fatalité. Il appartient à ceux-ci de trouver, ensemble avec leurs concitoyens, des réponses aux questions que ceux-ci se posent légitimement : la sécurité, le chômage, les incivilités, ... et ces maux ne sont pas liés aux étrangers. Et de grâce si tu es de gauche, reste à gauche, si tu es de droite, reste à droite, ça permet de diminuer le tournis que vous donnez à votre population et ils finissent par venir nous emmerder comme si nous-mêmes on n'avait pas des étrangers, Belges ou français, à Lubumbashi ou à Bamako. Il y a même des Hongrois, n'en déplaise en Orban!