Ceux qui ont des enfants scolarisés en Belgique le savent : vous êtes appelés à choisir un cours philosophique
que votre enfant va suivre, parmi les cours des persuasions religieuses les plus répandues dans le pays, ou un cours de morale non confessionnelle
.
La neutralité de ce dernier (souvent considéré proche du mouvement maçonnique) a toutefois été remise en question en 2015 par la Cour constitutionnelle du pays.
Après une année 2015 agitée par la mise en place précipitée de ce que la presse avait surnommé le cours de rien
, les communautés linguistiques ont publié un cadre légal et un document répertoriant les contenus d'un cours de philosophie et citoyenneté
.
De quoi s'agit-il ? Comment sera-t-il dispensé ?
Malheureusement, comme l'écrit le quotidien Le Soir
, les modalités pratiques demeurent assez confuses : selon le témoignage d'un professeur de morale, « A l’heure actuelle, aucun des professeurs de cours philosophique ne sait ni ce qu’il va donner, ni à quels élèves, ni dans quelles écoles…
Les horairistes ne savent pas élaborer d’horaires… ". Certains enseignants avouent franchement avoir l'intention de continuer à donner leur cours de morale habituel, en attendant des informations plus précises.
Et pourtant, les objectifs du cours de citoyenneté énoncés dans le référentiel sont prometteurs et même fondamentaux pour le vivre ensemble : l'enjeu est d'enseigner à construire une pensée autonome et critique
et se connaître soi-même et s'ouvrir à l'autre
, ou encore construire la citoyenneté dans l'égalité en droits et dans la dignité
et s'engager dans la vie sociale et l'espace démocratique
.
Les pistes proposées sont nombreuses : comment reconnaître et analyser de façon critique les informations diffusées sur internet, par exemple, c'est-à-dire un enjeu majeur, quand on constate que des pans entiers de l'opinion publique peuvent être happés par des fausses informations et prendre des décisions citoyennes sous influence.
La réalisation pratique rendra-t-elle justice aux bonnes intentions ? Arrivera-t-on à imprégner les générations scolaires qui suivront ce cours d'un sens profond et durable d'égalité en droits et en dignité
, à les aider à développer pour la vie un détecteur de mensonges et de manipulation ? Nous ne demandons qu'à voir.
Si on doit juger comment les informations concernant l’Afrique et les Africains sont traitées par les médias de grande audience en Belgique, ainsi que par la classe politique, un bon cours de citoyenneté tombe à point nommé !