Black panther : un Slam de Gioia Kayaga

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Black panther : un Slam de Gioia Kayaga

Gioia kayaga

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Ecouter le slam de Gioia Kayaga où elle peint une situation forte de la condition humaine des Noirs qui habitent la Belgique. Une interpellation à une autre approche de l'intégration. Maman Kayaga commence son slam par ces vers :

« Maman, moi quand je serai grande, je veux être institutrice maternelle mais... tu crois que je dois d'abord devenir blanche ? »

Une petite fille de cinq ans pose une question sincère à sa mère, elle est née en Belgique. Nous sommes en 2016. J'écoute cette phrase... mon cœur balance entre la rage et la peine ; Combien ont rêvé en cachette de transformer leur épiderme ? Je pense à ma mère métis, entre-deux, sans valeur ni repère ; entre ceux qui se déguisent et ceux qui se font discrets. Je pense à mon grand-père, à mon mari et mes enfants à naître, Rien n'a changé, quoi qu'il arrive, ils resteront des... nègres.

Ici pas de Malcom X ni de Black Panther, oublie d'être fier, pas de poing en l'air Ici tu retournes ta haine contre tes propres frères ; tu acceptes les règles ou bien tu la fermes.

« Maman, moi quand je serai grande, je veux être institutrice maternelle mais... tu crois que je dois d'abord devenir blanche ? » Une petite fille de cinq ans pose une question sincère à sa mère, elle est née en Belgique. Nous sommes en 2016. Je repense à cette phrase et cette fois mon cœur saigne

Petite, à seulement cinq ans, tu sais déjà. Tu sais que pour bâtir ton avenir, ta couleur sera un obstacle ; bientôt tu apprendras que cet obstacle est infranchissable. sa couleur, on ne la choisit pas, on la subit ; sa peau on ne la change pas : on la garde, et à vie. Peut-être que tu finiras par te haïr à coup de crème pour te blanchir, et de cheveux qu'on défrise, tire, tisse, abîme jusqu’à la racine, Pourtant, tu ne ressembleras jamais aux actrices ni aux filles des magazines.

Ici La mémoire est aussi courte que les idées, et le souvenir plus bref que l'été Ici pas de place pour l'Histoire... mais des stations pour les colons, pas de Place Lumumba, des statues pour les monstres et des noms de rue qui nous font honte

Petite, à seulement cinq ans, tu sais déjà. Tu sais qu'il existe des métiers pour les blancs et d'autres pour les noirs ; bientôt tu apprendras que tes amis musulmans sont dans la même barque. Petite tu pourras t'acharner, étudier, ramper, grimper les échelons pas à pas... il y aura toujours quelqu'un pour te regarder comme un macaque, quelqu'un pour te lancer que tu ferais mieux de retourner dans ton arbre, de retourner dans ton pays ou d'aller bouffer une banane ; Petite, ça arrivera, tôt ou tard et tu ne t'y attendras pas.

Petite, à seulement cinq ans tu sais déjà, tu sais déjà que tu voudrais transmettre, enseigner aux enfants, bientôt tu apprendras que la seule histoire à leur apprendre est blanche, une histoire blanche, sans place pour vos rois, vos guerres et vos souffrances ; sans place pour les esclaves, les femmes violées, les tirailleurs : l'histoire du peuple noir, il te faudra l'apprendre ailleurs ; pas à l'école, pas en classe, dehors, tu remontras sa trace, cette histoire n'est pas au programme, elle s'arrache.

Ici Ils disent « c'est le passé » pour éviter d'en parler, pour éviter de regarder la vérité en face et surtout de changer. Ici tu dois t'effacer. Les remarques qui blessent ? Les accepter, t'as de la chance d'être là, apprends à remercier, chez toi c'est la merde,ALORS... t'as qu'à y retourner

Petite, à seulement cinq ans tu sais déjà tu sais déjà que tu vis dans un pays où tous n'ont pas les mêmes chances, un diplôme venu d'Afrique, ça efface toutes les compétences, tu verras le sourire de ceux qui te pensent moins intelligente, tu sentiras le mépris de ceux qui te trouvent moins attirante. Peut-être iras-tu jusqu'à blesser ceux qui te ressemblent, peut-être que tu les critiqueras pour te sentir différente, peut-être ne poseras-tu jamais les pieds sur ton propre continent, peut-être tu n'auras jamais la force d'essayer jamais de comprendre...

« Maman, moi quand je serai grande, je veux être institutrice maternelle mais... tu crois que je dois d'abord devenir blanche ? » Une petite fille de cinq ans pose une question sincère à sa mère, elle est née en Belgique. Nous sommes en 2016. Petite, je ferai tout ce que je peux pour que ça change, je vais écrire, crier, lire et parler toute ma vie durant, Je le ferai pour moi et pour mes grand-parents, je le ferai pour toi et mes futurs enfants, « apprends à être fière petite », cette phrase te vient d'un blanche, une blanche qui ne reniera pas ses racines et qui fait pousser ses branches, vient petite, ensemble, on va grandir jusqu'à devenir géantes.


Olobi nini?